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Pourquoi la musique contemporaine nous fait-elle peur ? - Conférence Concert à l'Université du Temps Disponible - Marcinelle - 23 avril 2009 - 20h00

Photographie Isabelle Françaix
Le bruit nous divise, la Musique nous divinise.
Elle parle une langue à la fois enfouie et à venir.
Elle est la vie même de la vie et cherche des sons pour se dire.
Elle est un gisement : la trouver c'est la recevoir.
Elle rend au corps la part de l'esprit.
Elle est incorporée et dans le même temps désincarnée.
Elle observe le son comme on observe les lois, comme on observe le ciel, comme on observe le silence.
Elle n'isole ni la transe, ni la danse de la transcendance.
Assonance de notre être et du monde, elle permet le battement de l'un par l'autre afin que celui qui l'écoute s'écoute.
- Jean-Paul Dessy -

Amos et Sophonie évoquent deux des douze petits prophètes de l'Ancien Testament, exhortant Israël et ses voisins à retrouver la justice, la droiture et « l'alliance fraternelle » contre l'oppression, la violence et la rapine. Le Livre de Baruch, daté de la période grecque encourage les hommes à retrouver la voie de la sagesse tandis qu'Exodus, second livre de la Bible, les guide auprès de Moïse vers la Terre Promise.

La démarche de Jean-Paul Dessy s'inscrit ouvertement dans une tradition sacrée sans pour autant s'aliéner aux dogmes d'une religion : elle invite à reconsidérer à travers des symboles d'une force transcendante, et en toute lucidité, notre identité spirituelle dont la musique est porteuse. Est-ce un hasard si le nom du prophète Amos signifie lui-même « porteur » ? Ce berger qui rédigea son livre vers 800 avant Jésus-Christ, invitait à l'humilité, tout comme le fit plus tard Sophonie dont les prophéties remontent au VIe siècle avant l'ère chrétienne.

La fougue de ces prophètes, leur message effrayant qui promet le courroux de Dieu et la détresse aux injustes, aux orgueilleux et aux cupides, chargent d'émotion une musique qui aujourd'hui, pour avoir été nommée « contemporaine » et délestée au passage de ses attributs affectifs en traversant le sérialisme et ses dictats mathématiques, vibre à nouveau de palpitations secrètes, de désirs intimes et se repersonnalise dans la voix et la sensibilité de celui qui l'écrit. L'étymologie d'« Exode » renvoie à un chemin hors de nous-mêmes (ex, « au dehors » et hodos, « la route »), loin de cet ego qui nous emprisonne et nous mène pourtant vers ce qui, en nous, sonne juste.

Évoquant les sentiers liturgiques et s'en éloignant hors des lieux du culte, la musique de Jean-Paul Dessy se dépouille du même coup de tout dogme mélodique et structurel qui pourrait l'entraver : elle invite par l'agir du musicien à l'immédiate sensation d'une coïncidence physique de l'être et du son, émouvante, cohérente et libre, propice à la méditation. I.F.

Rentrez en vous-mêmes, examinez-vous (…)
Sophonie 2
 

Représentations passées

23/04/2009
Université du temps disponible - 6001 Marcinelle