Concert en trois temps
1.
Henri Pousseur, La Seconce Apothéose de Rameau (1981)
Pierre Bartholomée, Le Rêve de Diotime (1999)
Philippe Boesmans, Surfing (1991)
Ensemble Musiques Nouvelles, direction: Pierre Bartholomée
2.
12 miniatures commandées à 12 compositeurs de la Communauté Wallonie-Bruxelles.
Denis Bosse, Thierry De Mey, Renaud De Putter, Jean-Paul Dessy, Jean-Luc Fafchamps, Michel Fourgon, Victor Kissine, Claude Ledoux, Benoît Mernier, Denis Pousseur, Jean-Marie Rens, Hao Fu Zhang.
Ensemble Musiques Nouvelles, direction: Jean-Paul Dessy
3.
Fausto Romitelli, Flowing down to slow (2001)
Atau Tanaka, DSCP (2001)
Ensemble Musiques Nouvelles + Studio Art Zoyd, direction: Jean-Paul Dessy.
Deux installations sonores/multimédia de Todor Todoroff et de Roberto Paci-Dalo sont présentées dans les studios 5 et 7.
Ce qu'en a dit la presse
40 ans de Musiques «nouvelles»Le Vif/L'EXpress, 29 novembre 2002 – Martine Dumont-Mergeay
Le 6 décembre 1962, l'INR accueillait le premier concert d'un ensemble qui allait devenir le phare de la création musicale en Belgique.
Ils étaient sept musiciens amis, une petite bande en quelque sorte, avec les frères kuijken, Robert Kohnen, Francette Bartholomée et Pierre, son époux, réunis au Studio 1 de l'INR pour un programme exemplaire balisé par deux hérauts de l'avant-garde, le Belge Henri Pousseur et le Français Pierre Boulez. (…)
En quatre décennies, l'ensemble connut cinq chefs, tous du sérail «liégeois» - entendez: celui de Pousseur -, cinq fortes personnalités liées par des liens quasi fraternels, l'aîné passant le flambeau au cadet: Pierre Bartholomée, Georges-Elie Octors, Jean-Pierre Peuvion, Patrick Davin et Jean-Paul Dessy.
Extraits de l'entretien avec Jean-Paul Dessy:
Je n'étais pas né à l'époque de la fondation de Musique Nouvelle. Mais à 15 ans, j'ai découvert les concerts donnés à Liège dans l'orbite de Pousseur et de Bartholomée, et j'ai été bouleversé. Une révélation que les chimères sonores qui m'habitaient avaient donc un lieu de vie. Tout en menant des études littéraires, j'ai «fait» le conservatoire (violoncelle), avec l'objectif très précis de m'orienter vers la création, mais sans exclusive: Bach, le rock ou la musique contemporaine, toutes les musiques avaient – ont – du sens. (…)
En 1993, Dessy entrait au conseil d'administration de MN et y prenait progressivement sa place, tour à tour conseiller artistique, soliste au violoncelle ou chef. En 1998, il devenait officiellement directeur artistique de «Mons Musiques», une coupole rassemblant MN et l'Orchestre Royal de Chambre de Wallonie (ORCW), avec un objectif de synergie artistique et d'économies d'échelle. La fausse bonne idée (…) qui entraîna des levées de boucliers, des frondes, des grèves (de l'ORCW) et, finalement, un houleux divorce.
(…)
Depuis 1998, MN a donné 97 concerts, dont 67 créations mondiales.
Interreg souffle les quarante bougies de Musiques Nouvelles - La quinzaine Européenne, du 2 au 15 décembre 2002 – Arnaud de Saint-Denis
Entretien avec Jean-Paul Dessy:
En réalité, la plupart des projets auxquels je tiens le plus depuis trois ans au sein de MN peuvent se réaliser grâce à Interreg. Les missions ordinaires de notre ensmble, à savoir de donner un certain nombre de concerts et de créer un certain nombre de compositions wallonnes, ne nous permettaient pas d'intégrer les nouvelles tendances dans les moyens de diffusion et de création musicales. Aujourd'hui, grâce à Interreg, c'est le cas.
Les fonds européens au service de la coopération régionale - La quinzaine Européenne, du 2 au 15 décembre 2002 – Régis Verley
Même si la vocation d'Interreg est principalement économique, le programme peut aussi aider au développement culturel transfrontalier. En ce sens, le partenariat entre MN, à Mons, et Art Zoyd, à Maubeuge, est exemplaire. (…) Avec l'aide des fonds structurels européens, Français et Belges ont pu mettre meurs outils en commun et accueillir, ensemble, des créateurs de musique contemporaine. Le résultat est largement positif.
Musiques Nouvelles: 40 ans de passés pour les présents du futur - Le Soir, 9 décembre 2002 – Michel Debrocq
Toute cette soirée d'anniversaire, entre «devoir de mémoire» et plongée dans la création la plus prospective, s'est placée dans ce vécu du temps où la naissance est une perpétuelle métamorphose.
Onze bougies pour quarante ans - La libre Belgique, 10 décembre 2002 – Nicolas Blanmont
(…) le point fort de la soirée aura été la passionnante création de onze miniatures – pas plus de trois ou quatre minutes chacune – commandées pour l'occasion à onze compositeurs nés ou vivant en Communauté française (…).
A la fois exaltant et parfois frustrant, l'exercice prend la forme d'un de ces menus découverte, où l'on s'est à peine pénétré d'une saveur en bouche qu'on vient vous enlever votre assiette pour vous en servir une autre.
Il revient à Michel Fourgon d'ouvrir le bal avec Frondaisons, sorte de fascinante image accélérée qui donne à entendre des oiseaux «messiaeniques» et à voir des bourgeons qui se transforment en feuilles puis flétrissent. Lunna II de Renaud de Putter, mouvement lent d'un quatuor en devenir, est tout en tendresse et élégie.
Dans un style plus traditionnel, la Lettre à Pierre Bartholomée de Denis Bosse semble être l'introduction d'une pièce qui ne suit pas. Vibrations 3 de Jean-Marie Rens propose un intéressant voyage du son entre deux groupes d'instruments. After images de Benoît Mernier s'ouvre par un très beau solo de harpe avant de jouer l'opposition de sa texture sonore avec celles d'un quatuor à cordes traité comme une masse et, plus discrètement, de deux bois.
Avec son début pointilliste, sa longue cadence – écrite – de percussions et ses citations de musique chinoise, La terre jaune de Hao-Fu Zhang est un des sommets de la soirée. Pierre Bartholomée s'assied un instant entre le hautbois, la clarinette et le basson pour Tresse sur Ice, un beau trio de Thierry de Mey qui joue sur la texture tournante du son.
Joliment présenté comme un «Microlude à l'apprêt(mini) d'un phone», Miniphony de Jean-Paul Dessy commence et finit comme un travail à l'intérieur du son, mais passe entre-temps par un étonnant climax, improbable croisement entre Carmina Burana et Philip Glass.
L'Etude minuscule de Denis Pousseur associe un piano central aux couleurs jazzyfiantes à la harpe, au vibraphone et au marimba. On se délecte de la fraîcheur de l'Etude automnale de Victor Kissine, pièce colorée et plus ludique aux séductions immédiates, avant d'atterrir avec Punch de Claude Ledoux, ouvrant sur une esthétique chaotique un peu plus datée, avant de conclure par un très beau mélange de virtuosité et de rythme.
Onze pièces, autant de distributions mais aussi d'esthétiques: la moyenne d'âge des compositeurs doit avoisiner, elle aussi, les quarante ans, et la réunion de leurs œuvres témoigne splendidement de la vitalité et de la fascinante diversité de la création contemporaine chez nous.