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Petite histoire wallonne en musiques

Concert narration : Musiques de Roland de LASSUS, François-Joseph GOSSEC, François Joseph FETIS, César FRANCK - Texte d'Alain BERTRAND
Alain BERTRAND, texte / Olivier MASSART, récitant
Jean-Paul DESSY, direction musicale
MUSIQUES NOUVELLES :

Violons : Antoine Maisonhaute & Chikako Hosoda / Altos : Jeroen Robbrecht & Maxime Desert / Violoncelle : Jeanne Maisonhaute / Contrebasse : Etienne Charbonnier / Harpe : Alice Pêtre /

Pianos : Kim van den Brempt & André Ristic / Flûtes : Berten D'Hollander Delphine Dewald / Hautbois : Sébastien Vanlerberghe / Cors : Denis Simàndy & David Foiche / Clarinette : Charles Michiels / Basson : Aurélien Utz / Percussions : Louison Renault, Pierre Quiriny & Jean-Michel Monart / Trompette : Luc Sirjacques / Trombone : Adrien Lambinet
QUATUOR TANA
PETIT CHOEUR
 
Le terme "wallon", pour désigner un peuple, s'est imposé à partir du XVIe siècle, le siècle de Roland de Lassus. Regardons notre Wallonie par le petit bout de la lorgnette d'un auteur virtuose de la langue française, Alain Bertrand, que passionnent, non sans humour, la Wallonie, ses terroirs, ses terrils, ses trottoirs et ses histoires, petites ou grandes, et bien entendu les compositeurs valeureux "di nosse pitite patreye".
 
Son texte caustique et gouleyant est mis en bouche par le comédien belge Olivier Massart, renversant dans les subtilités linguistiques des monuments de la littérature belge. Côté flamand cette fois, il incarna tout récemment le monstrueux et bouleversant Gilles de Rais d'Hugo Claus.
 
Parlera-t-on ici de "wallonitude" ou plus simplement du plaisir de cheminer, au-delà des oeuvres, à la rencontre d'hommes que l'histoire rassemble sur un même territoire ? Fût-ce une Belgique aux allures d'"Arlequin diplomatique", telle que la désignait déjà Baudelaire, éclatée en terroirs, contrainte aux écarts de langue et d'imagination, mais avec l'humour de la situation et les couleurs de la passion !

Programme

Le texte en trois mouvements d'Alain Bertrand, Musique Nouvelle, dit par Olivier Massart, ponctuera les oeuvres des compositeurs suivants :
 
Roland de Lassus (Mons 1532 - Munich 1594)
Mon coeur se recommande à vous (Chanson française)
 

François-Joseph Gossec (Vergnies 1734 - Passy 1829)

Quatuor à cordes op.15 n°1 - par le Quatuor TANA
 

François- Joseph Fétis (Mons 1784 - Bruxelles 1871)

Grand Sextuor
 

César Franck (Liège 1822 - Paris 1890)

Trio concertant n°4
 

Philippe Boesmans (Tongres 1936)

Chambres d'à côté : création wallonne
 
A l'issue du concert : Alain BERTRAND nous présente en avant-première son tout dernier livre : Je ne suis pas un cadeau qui paraît en librairie le 15 octobre 2010 aux Editions Finitude.
 
Le bouquiniste de la LIBRAIRIE ABÉLARD [Rue François Dons, 5 – 1050 – Ixelles / 0032 (0)2 647 41 68] nous présente des livres d'hier et d'aujourd'hui sur la Wallonie, de la musique à la cuisine en passant par l'histoire et la littérature.

Roland de Lassus

L'exubérant Montois Roland de Lassus, Wallon riche de sève au génie d'une exceptionnelle vigueur, nous légua près de deux mille oeuvres universelles, toutes à l'apogée de la polyphonie vocale du XVIe siècle. Si ses motets, au sommet de son art, concentrent la profonde spiritualité de cet esprit hanté par la mort, ses chansons françaises illustrent sa verve foisonnante, sa légèreté de touche, sa drôlerie et son élégance exprimant aussi bien la tristesse que le sel de la vie. Pétri de contrastes, ce voyageur insatiable dont la gloire européenne fut éblouissante, craignait parfois de "devenir un monsieur fou" et le confiait dans son énorme correspondance. Sa personnalité fantasque et rieuse que trouble une âme tourmentée s'incarne dans l'expressivité et la densité de sa musique.

François Joseph Gossec

Au XVIIIe siècle, François-Joseph Gossé, qui aimait à se faire appeler Gossec d'Anvers, était né à Vergnies, aujourd'hui situé en Hainaut, mais à l'époque enclave française au sein des Pays-Bas autrichiens ! S'il accomplit ses études à Anvers, ce fils de fermier qui apprit les rudiments de la musique avec son curé, passa la majeure partie de son existence à Paris dès ses 17 ans. Sous la protection de Rameau, il fut introduit auprès de l'aristocratie française avant de fonder le Concert des Amateurs, puis le Concert Spirituel, de diriger l'Opéra de Paris et de fonder (avec Grétry, un autre Belge en terre française), le Conservatoire de Paris. On lui doit d'avoir fait connaître Haydn en France et d'y avoir introduit la symphonie à une époque où prévalaient plutôt le théâtre et l'opéra. Cette personnalité haute en couleurs devint aussi le chantre de la Révolution et du nouveau régime. Il livra d'ailleurs la première et mémorable orchestration de la Marseillaise ! On raconte que la Révolution fut souvent résumée comme un grand drame lyrique, paroles de Marie-Joseph Chénier, musique de Gossec, décors de David. Ceci dit, le musicien raffolait du spectaculaire : il introduisit des tam-tams dans une marche funèbre, utilisa un gong pour les funérailles de Mirabeau et ne dédaigna pas les clarinettes dans ses symphonies. Il influença grandement la musique instrumentale en France, passionné par le matériel sonore et sa spatialisation.

François-Joseph Fétis

François-Joseph Fétis a davantage marqué le XIXe siècle par son oeuvre théorique impressionnant que par ses compositions. Injustice lui fut donc faite musicalement de son époque à nos jours par l'inexpugnable idée reçue selon laquelle "qui trop embrasse mal étreint". Boulimique de savoir, cet homme d'intelligence supérieure était aussi ambitieux que dominateur. En un siècle où le romantisme pénètre jusqu'à la science, de l'intuition à la certitude, les humeurs s'échauffent et les moindres analyses peuvent vite être péremptoires. A tel point qu'il retouchait sans complexe les partitions de Beethoven ! Certains lui reprochent les erreurs qui parsèment ses travaux ; pédagogue, théoricien et compositeur, il voulait tout faire et ses écrits s'en ressentent. Néanmoins, le travail musicologique de Fétis est incontournable, voire encyclopédique (même si sa mort l'empêcha de mener à bien ce projet monumental).
 
Sa Bibliographie générale de la musique, qui intègre les musiques non occidentales et l'ethnographie, est le premier ouvrage d'une telle ampleur. Il crée également la Revue musicale et fonde les Concerts historiques qui révélèrent au public de nombreux chefs-d'oeuvre de la Renaissance. Sa propre production musicale, importante (quatre opéras, trois symphonies, des pièces pour piano et musique de chambre) présente moins d'intérêt. Ne disait-il pas lui-même que "les leçons sont le tombeau de l'inspiration" ? Son Grand Sextuor (1815) a le mérite de délivrer un aspect peu connu de sa personnalité : la légèreté et l'enjouement également perceptibles dans ses sonates autour de 1820. Cette pièce fut écrite à l'occasion du retour inespéré de son frère de la bataille désastreuse de Waterloo. Son écriture inhabituelle est assimilable à une symphonie pour quatre mains.

César Franck

César Franck déploya son génie en France. D'ailleurs, peut-on lui reconnaître des racines wallonnes ? Symbole d'une certaine conception française de la musique, il naquit à Liège mais ses origines étaient allemandes et autrichiennes. Par ailleurs, il se fit naturaliser français deux fois : en 1837 pour entrer au Conservatoire de Paris et en 1870 pour permettre à ses fils de s'engager contre la Prusse. D'aucuns reconnaissent dans ses mélodies les lignes sinueuses des horizons wallons et les échos du terroir où il grandit jusqu'à sa treizième année. Enfant de la grande symphonie allemande et d'un ordonnancement à la française dans la légèreté et la délicatesse de ses pièces muisicales, Franck est à la croisée des deux mondes comme la ville de Liège où il naquit. Son père était un tyran, un "Thénardier musical" comme le nommait celui de Vincent d'Indy, qui voulait faire de ses fils des pianistes prodiges tels que Mozart et Liszt. Il les emmena à la conquête de Paris. César n'avait ni le brillant ni la séduction immédiate de son frère Joseph et, quoique jeune virtuose, ne se plaisait pas en compagnie du grand monde parisien. La composition le tentait davantage et par dessus tout l'élaboration d'un langage musical. Si son père ne l'en avait empêché, il aurait tenté le Prix de Rome. Il fallut qu'il se mariât avec une comédienne pour qu'il échappât à l'emprise du despote, bon gré mal gré puisque celui-ci le maudit et... lui coupa les vivres ! Il perdit auprès de son épouse vingt autres années d'écriture, n'osant composer que les opéras (médiocres) qu'elle lui réclamait puis s'interdisant, effrayé par ses débuts et les exigences de sa moitié, toute nouvelle production. C'est en devenant l'un des plus grands organistes de son temps, à Sainte-Clotilde, qu'il trouva sa voie et son style, fondant son art de compositeur sur la sobriété, la dignité et le métier de musicien et osant revenir à sa passion première : la syntaxe musicale. Il fonda en 1870 la Société Nationale de Musique avec Camille Saint-Saëns et devint professeur au Conservatoire de Paris. Estimé par ses élèves pour sa sérénité, sa tolérance et sa hauteur de vue, il fut surnommé amicalement "Le Père Franck" ou encore "Pater Seraphicus". Ses oeuvres de musique de chambre, à une époque où le genre séduisait peu, influencèrent durablement ses contemporains, érigeant l'harmonie et la structure tonale en absolus.

Philippe Boesmans

Un Wallon né à Tongres ? Certes... ses études de piano au Conservatoire de Liège nous autorisent peut-être à l'inclure dans cette sélection, à moins que le compositeur en personne ne nous le permette, évoquant sa découverte du monde artistique bruxellois : "ma formation culturelle, ma découverte de Brecht, du structuralisme, de la psychanalyse s'est uniquement déroulée en français et c'est donc désormais dans cette langue que je réfléchis." (Philippe Boesmans : entretiens et témoignages - Mardaga - 2005) Il découvre la musique classique vers huit ans à la radio et au kiosque des fanfares et des harmonies, ce qui développe son goût pour des musiques ouvertes au mouvement et à la magie populaire. Son premier émoi réel, il le doit à Wagner et découvre à travers lui le pouvoir sensoriel de la musique. Son adhésion temporaire au sérialisme est une réaction aux "trucs poussiéreux" que l'on enseigne au Conservatoire dans les classes de piano (ce sont ses propres termes). Il n'étudie pas la composition et se tourne en autodidacte, dans le sillage de Pierre Froidebise, Henri Pousseur et André Souris, vers la musique d'avant-garde. S'il prend assez vite conscience de la nécessité de se débarrasser des contraintes et des exclusions du sérialisme, il n'en renie pas l'héritage mais élabore un langage personnel où la communication avec l'auditeur retrouve une place centrale. Il souhaite ainsi conserver un équilibre entre complexité et lisibilité.Il participe à la création de l'Ensemble Musique Nouvelle (au singulier à l'époque) qui, depuis 1963, a créé une bonne partie de ses oeuvres; Philippe Boesmans est l'un des premiers compositeurs à être tenté et retenu par l'opéra, un genre longtemps dédaigné des ténors de l'avant-garde musicale de la seconde moitié du XXe siècle. Gérard Mortier puis Bernard Foccroulle l'invitent en résidence à la Monnaie ; à partir de La Passion de Gilles en 1983, les opéras s'ensuivent avec bonheur, soutenus désormais par une complicité étroite avec le metteur en scène et librettiste Luc Bondy. Boesmans aime que la musique raconte, même lorsqu'elle est instrumentale. Chambres d'à côté, oeuvre dédiée à Musiques Nouvelles dont nous donnons la création wallonne, participe de cette même démarche : "Lorsque vous entendez une musique chez vos voisins, vous la trouvez parfois plus belle que si vous l'écoutiez chez vous. Etrange, lointaine, elle vous arrive par bribes et vous pouvez la rêver davantage que si elle était distincte... Cette pièce évoque ces musiques soudaines et elliptiques."(Philippe Boesmans, Revue #4 Musiques Nouvelles)

Alain Bertrand

Né à Gand comme Pierre Louÿs, il vit à Bastogne comme personne. En attendant l'éternité (ou le néant), il enseigne des idées non reçues à des jeunes gens charmants et naïfs. La mixité étant rare dans l'enseignement technique, il use son temps à écrire des essais, des romans et des récits où l'exigence du style fait bon ménage avec la tendresse et l'impertinence. Il aime César Franck, Rik Wouters, Alexandre Vialatte; rêve d'amitié, de rires et de tranquillité; pratique l'Ardenne sous toutes les coutures, par les chemins creux et les bistrots servant l'Orval tempéré.

Alain Bertrand a d'abord exercé son esprit critique sur l'oeuvre de Simenon, consacrant à cet auteur articles et ouvrages divers. Son éducation intellectuelle se poursuivit sous la houlette amicale de Gaston Compère et de Jean-Claude Pirotte, stylistes hors pair. Mais c'est Adamek qui lui rendit la confiance de s'aventurer en littérature au gré de récits et de chroniques. Lazare ou la lumière du jour souligne le besoin de naître au langage et à l'élémentaire poétique. La lumière des polders, sous couvert de géographie sentimentale, met en scène une série de rencontres déterminantes pour une vie d'homme. En Province évoque l'Ardenne, terroir de ses ancêtres et plaine de jeu de son enfance, sans concession aux clichés et au régionalisme du passé. Pleines de drôlerie caustique et de joie de vivre, ces pages portées au théâtre répondent au voeu de Jules Renard: «Un livre moderne sur la campagne».

Cet humour mâtiné de mélancolie se retrouve dans les romans d'Alain Bertrand. De lui, on dira que c'est un écrivain ancré dans une certaine Belgique qui se retourne sur ses stéréotypes pour mieux s'en moquer. Ainsi, Le Bar des hirondelles raconte la fuite de l'oncle Arsène, féru de cyclisme et d'amours tendres, en compagnie de Mandragore, magicien de son état et ami pour toujours. "Monsieur Blanche" narre la quête amoureuse d'un enfant privé de prénom et coincé par une mère abusive qui collectionne les boîtes à l'effigie des rois de Belgique. Ce roman aussi est bercé par une douce rêverie et par une haute poésie à mi-chemin entre Amélie Poulain et Marc Chagall.

Pour l'heure, Alain Bertrand se consacre à la chronique, son genre de prédilection.

Il contribue à animer l'association «Les amis de l'Ardenne», notamment avec Franz Bartelt.

Ecrire lui sert à explorer notre humanité et à consacrer la lumière et le style - la lumière du style, seule en mesure, selon lui, de faire naître à la relation.

Olivier Massart

D'abord acteur de théâtre, Olivier Massart a interprété une quarantaine de rôles, notamment dans L'homme laid de B. Fraser, Pauvre Bitos de J. Anouilh, Hamlet de Shakespeare, La reine Margot d'A. Dumas, Claude Gueux de V. Hugo, Théâtre sans animaux de J.M. Ribbes, Kean de Dumas-Sartre, Un tramway nommé Désir de T. Williams, Des souris et des hommes de J. Steinbeck, Les jumeaux vénitiens de C. Goldoni, Une journée particulière d'après Ettore Scola, Gilles et la nuit de Hugo Claus.

Il a lui même mis en scène les pièces Platonov d'A. Tchékhov au Théâtre de l'Escalier, Quelques fleurs... et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran d'E-E Schmitt, Le juste milieu (création collective) et Une pucelle pour un gorille de F. Arrabal pour la Compagnie Chéri-Chéri.

Il a également écrit le scénario du film Ketchup avec M. Coeman et Y. Goldschmidt et des pièces de théâtre Noces de vent, Quelques fleurs… et Le juste milieu.

Au cinéma, on a pu le voir dans Le nez au vent de D. Guerrier, H.S. de J.P. Lilienfeld, Petite misère de P. Boon et L. Brandenbourger, Ketchup de M. Coeman et Y. Goldschmidt, Loin des yeux de Mirzabekiants, Miss Montigny de M. Van Hogenbemt. En 2008, il joue sous la direction de Philippe Garrel Philippe dans La frontière de l'aube.

Il est apparu également dans des séries télé comme Nestor Burma, Le R. I. F., Profiler.

Petit Choeur

Le Petit Choeur est composé de choristes issus au départ du groupe vocal de Mons Les Rolandins qui souhaitaient pratiquer plus assidûment la musique baroque. Depuis, l'ensemble a pris son propre tempo mais le patronyme choisi marque bien la volonté de rassembler un nombre limité de chanteurs. Ceux-ci, venus de divers lieux en Communauté Française, ont un parcours de choristes expérimentés et le désir partagé de s'investir dans un répertoire original. Habituellement, le Petit Choeur présente les répertoires français, anglais et italien mais il aborde aussi la musique contemporaine. Bien que dirigé, comme Les Rolandins, par Yves WUYTS, la gestion administrative du Petit Choeur est tout à fait indépendante du Groupe vocal de Mons.

Coproduction

Le manège.mons/Musiques Nouvelles - Festival de Wallonie-Hainaut

Représentations passées

12/10/2010
Théâtre le Manège - 7000 Mons

Photos : Isabelle Françaix, Droits réservés. Télécharger les photos.