Générale de L'Opéra du pauvre, de Léo Ferré - 5 décembre 2011
Mise en scène Thierry Poquet
Direction musicale Jean-Paul Dessy
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Le Chant de la Nuit
La Nuit, Léo Ferré l'a fréquentée, troublée, malmenée et aimée au fil de sa vie et de ses chansons: le titre original de son Opéra du Pauvre n'était-il pas «Le Chant de la Nuit»? Impudique ingénue, mystère en offrande, c'est elle qui donne au Pauvre son théâtre de misère, sa poésie au couteau, ses yeux battus et ses douces chimères: «Mon sexe est de musique. Et les saxos vibrants ne vibrent pas pour rien… Quand le soleil fauche son crêpe au crépuscule, ça fait le crêpe sur le cul… Et ça ranime! Les musiciens, alors, donnent le la, et sombrent!» Splendide et sensuelle, femme d'ivresse et d'érotisme, La Nuit affole jusqu'à l'ivresse, arme les assassins, cache les adultères, désarme les juges, emballe la vertu. L'Opéra du Pauvre raconte son procès, baroque et dérisoire: Miss Night est accusée d'avoir supprimé Dame Ombre, «juste comme le soleil se couchait, entre chien et loup». L'Ombre n'est-elle pas la preuve de nos deux pieds sur terre? Le juge est un corbeau et le greffier un chat, l'avocat général est un coq et le hibou est l'avocat de la nuit, cela va de soi. Les noctambules défilent nombreux pour témoigner à sa décharge.
(Isabelle Françaix)
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