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Arvo Pärt - Concert Monographique

IMAGES du CONCERT à MONS >>> ICI !
Article du Soir - 24/09/2011 - Arvo Pärt : la sensualité par le son (PDF)
Distribution
 
Musiques NouvellesL'Ensemble

Direction Jean-Paul Dessy

 

Violons: Antoine Maisonhaute, Chikako Hosoda, Sophie Ayako Girard, Elise Pieniezny, Cristina Constantinescu, Claire Bourdet, Isabelle Decraene, Nicolas Marciano

Altos : Maxime Desert, Jeroen Robbrecht, Karel Coninx

Violoncelles : Jean-Pol Zanutel, Jeanne Maisonhaute

Contrebasses: Etienne Charbonnier, Thomas Fiorini

Percussions: Louison Renault, Simon Drachman, Adrien Fortemps

Harpe: Alice Pêtre

 
La création belge de la Symphonie n°4 d'Arvo Pärt dans la cité de Roland de Lassus est un événement puissamment symbolique, hors du temps présent. Avec sincérité et ascèse, la musique du compositeur estonien explore jusqu'au dénuement les polyphonies de la Renaissance et celles du chant grégorien, en quête de notes profondes et justes, comme de sonorités nouvelles. C'est un «mystère» musical qui se jouera respectivement ces 11 et 27 septembre en l'Église Saint Nicolas (Mons) et celle des Minimes (Bruxelles) pour le septante-sixième anniversaire d'Arvo Pärt. Un «mystère» au sens médiéval: de ceux qui, humblement et d'une fervente sérénité, éclairent le silence.

Programme

Cantus in Memoriam of Benjamin Britten, pour orchestre à cordes, 1977, 5'
 
Symphonie n°4 « Los Angeles », pour orchestre à cordes, harpe et percussions, 2008, 34' - CREATION BELGE

 
Silhouette, hommage à Gustave Eiffel pour orchestre à cordes et percussions, 2009, 7' - CREATION BELGE

 
Fratres, pour orchestre à cordes et percussions, 1977, 10'


Arvo Pärt - Biographie

Arvö Pärt est né le 11 septembre 1935 à Paide, en Estonie, une petite ville près de Tallinn. Dès 1944, L'Estonie sera occupée par L'Union Soviétique pendant plus de cinquante ans, ce qui marquera profondément la vie et la musique du compositeur.
 
Il commence ses études musicales en 1954 à l'Ecole Secondaire de Musique de Tallinn mais doit les interrompre moins d'un an plus tard pour effectuer son Service National en tant qu'hautboïse et tambour dans l'orchestre militaire. Puis il étudie la composition au Conservatoire de Tallinn en 1957 auprès de Heino Eller. Il travaille parallèlement comme ingénieur du son à la Radio Estonienne, écrit des musiques de scène et compose énormément pour le cinéma. Diplômé du Conservatoire en 1963, il est déjà un compositeur professionnel. Un an plus tôt, sa cantate pour choeur d'enfants et orchestre Notre jardin et son oratorio Stride of the World remportaient le premier prix du Concours des Jeunes Compositeurs de L'Union Soviétique.
 
Si Pärt avait peu accès aux oeuvres contemporaines occidentales, isolé dans la vieille Union Soviétique, il suivait pourtant de loin les nouvelles formes d'écriture. Son Nekrolog pour orchestre (1960) fut la première pièce sérielle estonienne. Il continua d'explorer le sérialisme jusqu'au milieu des années 60 avec Perpetuum Mobile (1963), sa Première Symphonie (1963-64) dite "polyphonique"  qui associe technique de canon et dodécaphonisme, jusqu'au Collage sur B-A-C-H (1964) qui expérimente les techniques de collage et en épuise les rigueurs. Une tension esthétique innerve déjà son oeuvre, entre tonalité et atonalité.
 
Les autorités soviétiques ne savent comment considérer sa musique, portant aux nues certaines de ses oeuvres et en bannissant d'autres, comme le Credo en 1968 où éclatent de violents accords dissonants dans l'unisson des cordes graves. Il fait moins scandale cependant pour son atonalisme partiel que pour sa profession de foi évidente. Après cette date, Arvo Pärt se recueille dans un silence contemplatif pendant lequel il étudie la musique ancienne, les monodies grégoriennes, le contrepoint à deux voix du XIV au XVIe siècles : Machaut, Ockeghem, Obrecht, Josquin, Lassus... Il rejoint l'Eglise orthodoxe russe et épouse Nora en secondes noces (1972). Au début des années 1970, il écrit quelques pièces de transition dans l'esprit des polyphonies de la Renaissance comme sa Symphonie N°3 en 1971.
 
Pärt se retire encore dans le silence et réapparaît en 1976, radicalement transformé. Il invente (ou découvre) le style "tintinnabuli" (du latin tintinnabulae, petites cloches) :
J'ai découvert qu'il suffisait de jouer une simple note, si elle était belle. Cette note, ou un silence, me remplit de joie. Je travaille avec peu d'éléments : une ou deux voix, un accord parfait, une tonalité. Les trois notes d'un accord parfait sonnent comme des cloches, c'est pourquoi j'appelle cela tintinnabuli... C'est un espace dans lequel j'aime errer quand je cherche des réponses à ma vie, ma musique et mon travail. Dans mes heures sombres, j'ai le sentiment que tout ce qui s'en éloigne n'a pas de sens. La complexité et la multiplicité m'égarent et je dois chercher l'unité. Qu'est-ce que c'est ? Comment cheminer vers elle ? Je suis seul avec le silence.
La première pièce dans laquelle sonne publiquement cet accord parfait est une courte pièce pour piano : Für Alina (1976). Ce nouveau style est autant rejeté par les avant-gardes de l'Ouest pour sa tonalité naïve que pour son mysticisme sous-jacent à l'Est.
 
Dès lors suivent de nombreuses compositions dont trois d'entre elles, écrites en 1977, sont parmi les plus citées : Fratres, Cantus in Memoriam Benjamin Britten et Tabula Rasa. Sa musique étant de plus en plus jouée à l'Ouest et face la pesante domination soviétique, Arvo Pärt quitte l'Estonie en 1980 avec sa femme Nora et leurs deux fils. Ils ne vont pas en Israël comme ils l'escomptaient, bénéficiant d'un programme d'ouverture qui délivre des visas aux juifs d'URSS (Nora est juive) mais, avec l'aide de son éditeur, ils s'établissent à Vienne où Arvo Pärt obtient la nationalité autrichienne. Un an plus tard, doté d'une bourse de la German Academic Exchange, il s'installe à l'ouest de Berlin où il vit toujours.
 
Depuis son départ d'Estonie, l'oeuvre d'Arvo Pärt, aux sources des textes sacrés orthodoxes, est chantée et jouée à travers le monde. Le label ECM de Manfred Eicher publia ses premières pièces hors du bloc soviétique ; l'Ensemble Hilliard de Paul Hillier a créé la plupart de ses pièces vocales et Neeme Järvi, qui dirigea la première de Credo à Tallinn en 1968 et enregistra par la suite ses oeuvres de style tintinnabuli, fit également connaître et enregistrer ses premières compositions.
 
Pour ses 61 ans, Pärt fut élu membre de l'Académie Américaine des Arts et Lettres. Il fut nommé Quatorzième Compositeur International de l'An 2000 par l'Académie Royale de Musique de Londres. En mai 2003, il reçut le "Contemporary Music Award" au Royal Albert Hall à Londres et fut nommé Doctor Honoris Causa de l'Université de Liège le 17 septembre 2009 (ICI et ).
 
Le 11 septembre 2011, Arvo Pärt fêtera son 76ème anniversaire.
 
[Sources : Notes biographiques du site officiel d'Arvo Pärt : www.arvopart.info et texte de Jacques Amblard sur http://brahms.ircam.fr]

Notes

Cantus in memoriam of Benjamin Britten, 1977, 5'
Ces dernières années, nous avons déploré de nombreuses pertes douloureuses dans le monde musical. Pourquoi la date de la mort de Benjamin Britten (4 décembre 1976) me touche-t-elle autant ? Sans doute ai-je réalisé trop tard l'ampleur d'une telle perte. D'inexplicables sentiments de culpabilité m'ont assailli : je découvrais seulement la musique de Britten ! Je n'ai commencé à apprécier l'exceptionnelle pureté de sa musique qu'après sa mort. Elle me rappelait celle des ballades de Guillaume de Machaut. J'aurais voulu l'avoir personnellement rencontré. Arvo Pärt
 
Fratres, pour orchestre à cordes et percussions, 1977, 10'
Un an après Für Alina, Fratres explore plus avant les relations entre la voix mélodique et la voix tintinnabulante. Il en ressort une mystérieuse simplicité, humble et lumineuse. Pärt cite le poème de Rainer-Maria Rilke, extrait du Livre d'heures, qui célèbre le renoncement des moines réunis à l'intérieur d'une grotte près de Kiev au XIe siècle. Du subtil travail d'écho et de piano résonant se révèle un certain romantisme doublé d'une force extatique immobile. Le temps est lisse, simple, épuré. Les percussions de bois invitent à la méditation.
 
Silhouette, hommage à Gustave Eiffel pour orchestre à cordes et deux percussions, 2009, 7'
C'est une réaction très spontanée aux interprétations de mes oeuvres par Paavo Jarvi qui est à l'origine de cette pièce. Je l'appelais pour lui confier mon enthousiasme et le remercier quand j'appris qu'il était nommé à la tête de l'Orchestre de Paris ! J'ai eu l'envie irrésistible d'écrire pour ce "nouvel orchestre", ravi à l'idée de jouer une pièce qui rendrait hommage au travail de Gustave Eiffel. La vision artistique de ce génial architecte me fascinait par sa sobriété rationnelle et son élégance. La Tour Eiffel a beaucoup de points communs avec une partition : les connexions structurelles, la transparence de la construction et plus encore... En regard, Silhouette est une pièce courte et lumineuse, comme une danse, une valse vertigineuse - peut-être comme le vent qui caresse ce colosse dressé vers le ciel. Arvo Pärt (Propos recueillis et traduits sur le site Universal Editions)
 
Symphonie n°4 « Los Angeles », pour orchestre à cordes, harpe, timbales et deux percussions, 2008, 34'
Jacques Amblard y perçoit une échappée "hors tintinnabuli" et un romantisme qui cite clairement Wagner : "La Quatrième Symphonie de Pärt, avec ses harmoniques initiales, sibyllines, se concentre bien sur le mystère du début de Lohengrin (1848)." Mais l'on y décèle également les forces chères au compositeur estonien : les cordes romantiques, les cloches oniriques et le silence, puissant dans le second mouvement. Ethique et esthétique sont inséparables.

Coproduction

Le manège.mons/Musiques Nouvelles - dans le cadre de Cap Sonic (pour Mons) & Bozar (pour Bruxelles)

Représentations passées

27/09/2011
Eglise des Minimes - 1000 Bruxelles

11/09/2011
Eglise Saint Nicolas - 7000 Mons

Photos : Isabelle Françaix. Télécharger les photos.